La bonne gouvernance et la participation – c'est-à-dire une gestion administrative habile avec l'implication de la société civile – sont deux éléments centraux d'une ville intelligente performante. Lors du 6èmecongrès national Smart City, qui s'est tenu mardi 4 décembre à Pully, Boyd Cohen, précurseur dans ce domaine, a exposé de façon saisissante l'importance de la coopération entre les villes et leurs habitants. Des exemples provenant d'Oslo, d'Italie et de Suisse ont étayé cette approche. Enfin, la question de savoir comment le fédéralisme helvétique devrait aborder la numérisation a été abordée. 

«Themen gemeinsam und vernetzt anpacken», Benjamin Szemkus, Smart City Schweiz

«Themen gemeinsam und vernetzt anpacken», Benjamin Szemkus, Smart City Schweiz

Nicht jeder soll das Pulver neu erfinden. Das Programm Smart City Schweiz hilft dabei, Akteure zu vernetzen, die Menschen zu begeistern und dank neuen Dienstleistungen die Lebensqualität zu verbessern, schildert Benjamin Szemkus, Projektleiter Smart City Schweiz, die Erfolgsfaktoren für eine Smart City.

Les villes intelligentes peuvent proposer de nouvelles solutions pour faire face aux défis en matière de politique climatique et offrir une réponse à la forme que prendra la cohésion sociale à l'avenir. Il est toutefois évident aujourd'hui qu'une approche purement centrée sur la technologie a une portée insuffisante car l'humain en tant que ressource et élément faisant partie d'une ville intelligente y est laissé de côté. « Il est essentiel que la technologie soit au service de l'être humain et contribue à l'évolution et à l'amélioration de la qualité de vie là où elle apporte le plus d'avantages » : c'est ainsi que Gil Reichen, syndic de Pully, a accueilli les quelque 250 visiteurs présents à ce 6èmecongrès national Smart City organisé par l'Office fédéral de l'énergie.

« Les villes les plus petites sont aussi confrontées aux plus gros problèmes »

La petite ville vaudoise, pionnière suisse dans le domaine des villes intelligentes, était l'hôte du congrès annuel 2018. Cette localité s'est lancée très tôt dans l'ère numérique afin d'élaborer de nouveaux critères en matière de solutions de mobilité et de développement urbain. La Ville a mis en œuvre, dans le cadre de démarches participatives, de nombreux projets allant de la mesure active des flux de trafic à l'aménagement des réseaux d'infrastructure, en passant par des processus automatisés dans l'administration – toujours dans la perspective d'améliorer la qualité de vie à Pully. A cet égard, la Ville a pu compter sur le soutien financier de communes partenaires suisses et, plus globalement, sur le savoir-faire d'experts compétents. Pully a articulé sa stratégie de développement autour de neuf axes principaux, parmi lesquels figurent la promotion de la sécurité, l'amélioration des services et de l'offre numérique, la création de nouvelles places en crèche ou encore le développement des institutions culturelles. Nuria Gorrite, présidente du Conseil d'Etat vaudois, confirme les réalisations de la Ville: « Les communes et les villes de petite taille comme Pully sont aussi confrontées aux plus gros problèmes. » Thierry Lassueur, chef de la Direction des travaux et des services industriels, et Alexandre Bosshard, chef de projet, ont ainsi souligné dans leur présentation les avantages décisifs de la démarche participative pour les communes plus petites. Il est plus facile d'identifier les problèmes concrets lorsque la population est impliquée, c'est pourquoi cet aspect est important car les erreurs de planification coûtent en principe cher. Les défis complexes exigent l'implication de l'ensemble des acteurs; cela permet de répartir les frais et de regrouper les compétences. Il est également important de normaliser l'utilisation des nouvelles technologies et d'exploiter les atouts du big data.

La troisième génération de ville intelligente

Boyd Cohen, précurseur de l'approche Smart City, étudie depuis plus de dix ans ce que Pully met en œuvre à petite échelle. Selon le développeur du « Smart City Wheel », qui sert de ligne directrice à de nombreuses villes pour développer leur stratégie, la société travaille déjà sur la troisième génération de ville intelligente. Tandis que la première génération adoptait encore une approche axée sur la technologie, la deuxième génération estimait déjà que les villes devaient développer les stratégies et les solutions, puis les mettre en œuvre avec le soutien du secteur privé dans les domaines de la technologie et de l'économie. A ce stade, il manquait encore un élément: l'humain. Au cours de ses recherches, Boyd Cohen a découvert que la plupart des villes intelligentes performantes examinaient les problèmes du point de vue de la population et impliquaient cette dernière dans le processus. Un élément essentiel de cette approche basée sur l'humain est la combinaison entre la conduite politique (stratégie) et la coopération de la société et de l'économie (participation). Boyd Cohen perçoit les chaînes de blocs ou blockchainscomme un nouveau facteur de succès, car cette technologie renforce la puissance contributive de la population et permet à toutes les offres de pouvoir être choisies librement sur le marché virtuel.

Mais surtout, les solutions au sein des villes intelligentes de troisième génération sont plus variées, reçoivent un soutien plus large et renforcent l'économie locale.

Nouvelles branches de l'économie et nouveaux sites construits

L'exemple d'Oslo met en lumière les éléments précités. La prospérité de la Norvège repose en grande partie sur l'extraction de combustibles fossiles. Ceux-ci n'ayant toutefois pas d'avenir, la Norvège a créé ces dernières années une nouvelle industrie en tenant compte d'aspects liés à la durabilité. Selon Silje Bareksten, responsable Smart City à Oslo, la Ville a tout d'abord élaboré deux conditions cadres nécessaires afin d'être performante dans le domaine des villes intelligentes: « Premièrement, nous devions promouvoir l'écosystème économique avec des entreprises locales. Deuxièmement, il a fallu rassurer la population par rapport à certaines peurs éprouvées vis-à-vis de la numérisation pourtant avancée. » Grâce à des enquêtes menées auprès de la population, l'administration a reçu des informations du public, ce qui a permis à la Ville de développer des problématiques concrètes pour les start-up locales. Dans le cadre de programmes d'accélération visant à encourager de jeunes entreprises, l'administration a créé, conjointement avec les start-up, des solutions efficaces. Il existe actuellement plus de 50 programmes d'accélération et l'administration a appris, grâce à l'expertise acquise, comment des objectifs de durabilité peuvent être poursuivis de manière efficace au cours d'une législature. « L'implication du public dans de telles discussions est précieuse. Il manque certaines compétences à notre génération et la nouvelle génération perçoit le monde avec un autre regard », estime Silje Bareksten.

Dimitri Meili, maire de Pegognaga, a également appris l'importance de l'approbation de la population à l'égard de tels projets. La petite commune lombarde d'environ 7 000 habitants a entrepris de rebâtir en une étape l'infrastructure sur tout le territoire afin de poser les bases pour une ville intelligente tout en rénovant l'ensemble des anciens bâtiments. « Il était important d'impliquer la population dans ce projet, car nous avons réinventé et restructuré l'ensemble de la commune; d'ailleurs, il y a eu de véritables luttes culturelles », explique Dimitri Meili, qui salue malgré tout une procédure efficace: « Notre commune dispose actuellement d'un réseau de fibres optiques plus dense que celui de Milan et progresse dans le domaine de la durabilité; de manière générale, on parle trop et on n'agit pas assez. Nous devrions améliorer la qualité de vie là où cela a du sens », explique le maire.

Continuer de participer hors ligne et autoriser les contradictions

Matthias Drilling, de l'institut de planification sociale de la Haute école spécialisée de la Suisse du Nord-Ouest (FHNW), a attiré l'attention de l'audience sur les défis importants à relever au sujet de la participation. D'une part, l'implication de la population devrait être considérée comme une ressource limitée. D'autre part, une planification dynamique fait toujours face à des incertitudes, même si elle permet aussi – heureusement – de nouvelles formes de collaboration. Lukas Ott, urbaniste bâlois, a expliqué qu'à Bâle, la participation citoyenne était inscrite dans la constitution et est utilisée dans le développement du nouveau quartier urbain Wolf. La commune de Wil (SG) a montré comment établir concrètement des objectifs et des priorités conjointement avec la population. Grâce à une approche ludique, la Ville a créé un climat de confiance et d'acceptation au sein de la population, et l'a motivée à s'engager activement.

Une Suisse intelligente: l'utilisation de la numérisation

Outre Pully, d'autres villes mettent en œuvre avec succès leurs stratégies Smart City. Que ce soit à Wil, Genève, Montreux ou Bâle, des projets novateurs sont mis en place à l'échelle suisse avec la participation de la société civile, qui connaissent des succès similaires à ceux des villes internationales. La mise en réseau entre les villes et les acteurs, en constante amélioration, y joue également un rôle. L'Office fédéral de l'énergie encourage ce type de collaboration depuis 2012. Pour Patrick Kutschera, directeur de SuisseEnergie, il faut briser les frontières: « Le concept de Smart City doit être compris dans un contexte plus vaste, comme une Suisse intelligente dans laquelle des idées globales sont mises en œuvre. » Selon Patrick Kutschera, des plateformes harmonisées sont nécessaires, mais Smart City est avant tout une approche de laboratoire au sein de laquelle la bonne solution doit encore être trouvée. 

L'ensemble des orateurs s'est accordé sur le fait que la société doit déterminer les différents rôles et que la formation jouera un rôle essentiel. « Nous devons former les citoyens et leur fournir des explications », estime par exemple Nuria Gorrite, qui affirme en outre que les cantons et la Confédération doivent veiller à des conditions cadres fiables et rendre le progrès accessible à tous. Dans le même temps, les efforts fournis doivent également prendre en considération les aspects liés à la durabilité: « Personne ne désire vivre dans la ville intelligente la plus avancée s'il n'y a ni eau potable ni air frais », explique Silje Bareksten.

Cependant, si la technologie est utilisée de manière cohérente en tant qu'outil au profit de l'humain et si la société aborde les problèmes sous de nouvelles perspectives, il n'y a pratiquement aucune limite au concept de ville intelligente et nous nous approchons à grands pas de la vision du futur de Boyd Cohen, vers une économie urbaine locale mais mondialisée, numérique et coopérative, qui rend le bien-être possible pour tous.

Les présentations

The evolution of Smart Cities (en)
Boyd Cohen

The human centric Smart City (en)
Silje Bareksten

Il Comune su misura (it)
Dimitri Melli

Les pouvoirs secrets des petites villes (fr)
Thierry Lassueur, Alexandre Bosshard

Smart Canton Genève -Quels enjeux de gouvernance? (fr)
Gianfranco Moi

Smart City Montreux (fr)
Caleb Walther, Pascal Mullener

Partizipation in der Stadtentwicklung
Matthias Drilling

Smart City Basel
Lukas Ott

Smart City Wil.Grötzinger
Stefan Grötzinger, Stephan Juen

Exemple

Nouvelles solutions d'approvisionnement dans l'administration grâce à une démarche participative

Une ville souhaite encourager la mobilité électrique et dispose pour ce faire d'un budget d'un million de francs. En général, elle achèterait sa propre flotte et en ferait la publicité. Dans le cadre d'une nouvelle approche, elle s'adresse à différents acteurs et obtient trois propositions innovantes au lieu d'une seule:

  • Avec un million de francs, une start-up souhaite augmenter la densité de bornes de recharge pour voitures électriques, car leur présence insuffisante représente souvent un frein à l'achat d'un véhicule électrique.
  • Un mouvement citoyen considère qu'une plateforme d'autopartage pour riverains est le meilleur moyen de décharger le trafic dans les quartiers d'habitation de façon respectueuse de l'environnement tout en raccourcissant le temps de trajet pour se rendre au travail. 
  • Enfin, un grand constructeur automobile propose à la ville une bonne mise en œuvre de la solution qu'elle aurait initialement choisie.